Les raisons de la fermeture de Google Plus
90 % des utilisateurs quittaient Google+ en moins de cinq secondes. Le 8 octobre 2018, Google acte la fermeture progressive de son réseau social, évoquant des failles de sécurité massives et un manque d’engagement flagrant. Lancée en 2011, la plateforme n’a jamais su convaincre ni fidéliser au niveau attendu, malgré des investissements colossaux et des tentatives répétées de redynamisation.
Les chiffres internes sont sans appel : la grande majorité des sessions ne dépassaient pas quelques secondes. Lorsqu’une faille de sécurité expose les données de centaines de milliers de comptes, la décision tombe comme une évidence. Google ferme le rideau sur Google+, tournant la page d’un projet ambitieux mais largement boudé par le public.
Plan de l'article
Comprendre le contexte : Google+ face à ses défis et à la concurrence
Google+ voit le jour en 2011, alors que Facebook et Twitter règnent déjà sur la Silicon Valley. L’objectif affiché par Google : bâtir un réseau social capable d’ébranler ces géants. Tout est mis en œuvre : intégration à Gmail, YouTube, Hangout, et même création automatique de comptes pour les nouveaux inscrits Gmail. La firme cherche à imposer sa plateforme à grande échelle, quitte à forcer la main à ses utilisateurs.
Malgré ces efforts, la dynamique ne décolle pas. Google+ attire quelques communautés pointues, mais le grand public reste à distance. Facebook s’est déjà ancré dans les habitudes, tandis que Twitter occupe la scène de l’info en temps réel. Quand Google tente d’imposer Google+ comme solution centrale, par exemple pour la gestion des commentaires YouTube, la grogne monte, les utilisateurs expriment leur mécontentement, parfois vivement.
Face à une concurrence redoutable et des choix d’intégration qui font débat, la plateforme vacille. Sous la direction de Sundar Pichai à partir de 2015, Google hérite d’un service à l’audience stagnante. Alphabet, la nouvelle maison-mère, préfère miser sur d’autres territoires plus prometteurs. Au final, Google+ ne trouve ni sa place auprès du grand public, ni auprès des entreprises.
Pourquoi Google a décidé de fermer Google+ : entre sécurité et manque d’engagement
Le sort de Google+ bascule lorsque d’importantes failles de sécurité sont révélées. En octobre 2018, le Wall Street Journal dévoile que des données privées, adresses e-mail, âges, professions, de centaines de milliers, puis de dizaines de millions d’utilisateurs, ont été exposées. Le problème vient d’une API Google+ qui a permis à des applications tierces d’accéder à des informations non publiques, sans l’accord des personnes concernées. Le rapport interne Project Strobe confirme l’ampleur du souci.
Devant l’ampleur de la fuite, Google annonce la fermeture de la version grand public de son réseau social. Google+ paie cher l’absence d’utilisateurs actifs et un déficit de confiance. Les données sont limpides : moins de 10 % des sessions dépassaient cinq secondes.
Dans un climat où le RGPD s’impose et où la CNIL veille au grain, Google subit critiques, menaces de sanctions et une image écornée. La fermeture s’accélère : l’annonce tombe le 8 octobre 2018, la plateforme disparaît pour de bon en avril 2019.
Pour mieux cerner les causes de cet arrêt, voici les facteurs déterminants :
- Failles de sécurité : exposition de données sur 500 000 à 53 millions de comptes
- Faible engagement : très peu d’utilisateurs actifs
- Pression réglementaire : RGPD, CNIL, sanctions potentielles en Europe
Google+ illustre ainsi comment la sécurité et la mobilisation des utilisateurs façonnent, ou fragilisent, la vie d’un réseau social.
Quelles alternatives pour les anciens utilisateurs de Google+ ?
Après la fermeture de Google+, les utilisateurs se sont retrouvés face à de nouveaux choix. Plusieurs plateformes sont alors venues capter leur attention, chacune avec ses avantages et ses communautés propres. Pour les professionnels, Google My Business, devenu Google Business Profile, s’est imposé comme outil de gestion de la présence en ligne, publication d’actualités et contact avec les clients via Google Maps. Si les fonctions de réseau social y restent limitées, la visibilité locale, elle, prend de l’ampleur.
Côté particuliers, les réseaux sociaux classiques reprennent la main. Facebook et Twitter offrent des espaces d’échange, des groupes thématiques, une réactivité immédiate. Nombre de communautés issues de Google+ se retrouvent sur ces plateformes, ou migrent vers des forums spécialisés et espaces collaboratifs comme Reddit.
Pour les créateurs de contenu, YouTube reste incontournable pour toucher un public large, tandis que Google Workspace se fait une place pour le travail collaboratif. Google, de son côté, a proposé Google Takeout : un outil simple pour exporter toutes ses données, publications et photos avant la fermeture définitive.
Voici un aperçu des principales solutions adoptées après la disparition de Google+ :
- Professionnels : Google My Business, Google Business Profile
- Communautés : Facebook, Twitter, forums spécialisés
- Créateurs : YouTube, Google Workspace
- Migration des données : Google Takeout
La fin de Google+ a aussi entraîné celle du service Google Business Profile Websites, dont la clôture est annoncée pour 2024. Les utilisateurs sont donc invités à anticiper leur transition vers d’autres outils afin de maintenir leur présence en ligne. La page Google+ est définitivement tournée, mais le besoin de rassembler, d’échanger et de partager, lui, ne faiblit pas.
